L'étonnante hausse des prix de l'immobilier en juin
Le rattrapage post-confinement pousse encore les prix à la hausse en juin. Selon Meilleurs Agents, le volume des transactions dans l'immobilier d'habitation est de 35 % supérieur à son niveau de juin 2019. Une euphorie en trompe-l'oeil dont les effets devraient s'estomper lorsque l'économie ne sera plus sous perfusion.
Paris à 10.586 euros le mètre carré avec des prix qui bondissent encore de 0,4 % en juin, Lyon en hausse de 0,7 %, Lille de 0,8 %… Dans presque toutes les grandes villes, les prix poursuivent leur ascension (voir tableau). Si les précédents indices reflétaient l'état d' un marché qui s'était vitrifié pendant le confinement , les indices des prix immobiliers Meilleurs Agents- « Les Echos » du mois de juin traduisent une étonnante euphorie.
La catastrophe économique annoncée aurait pu paralyser les acheteurs, sinon les amener à négocier alors que les experts anticipent très logiquement un ajustement des prix. Mais celui-ci ne se concrétise pas pour le moment. Nombre d'opérations avaient été lancées avant le confinement, et le marché étant en grande partie animé par des utilisateurs ils n'ont pas voulu remettre en cause leur nouveau projet de vie. « Beaucoup étaient tenus de déménager, explique le directeur scientifique de Meilleurs Agents, Thomas Lefebvre. Et selon les sondages que nous avons effectués auprès des agences, il y a eu très peu d'annulations. »
VIDEO. Quelles tendances pour les prix de l'immobilier avant les vacances d'été ?
Paris bientôt à 10.750 euros le mètre
Par ailleurs, le marché étant encore très tendu dans les grandes villes, « il y avait de fortes chances pour les acquéreurs potentiels trop exigeants en termes de rabais de voir le bien leur échapper », ajoute l'expert.
Il est possible que le marché continue sur sa lancée, du moins pendant l'été. Au vu des prix issus des avant-contrats, et à condition que la situation n'ait pas affecté leur taux de transformation en ventes, les notaires du Grand Paris s'attendent en août à « un prix de 10.750 euros le mètre carré à Paris, encore en hausse annuelle de 7,7 %. » Idem, selon eux, dans les Hauts-de-Seine, « où les hausses de prix se prolongeraient également (+ 6,3 % en un an), pour les appartements en petite couronne (+ 6,2 %) et pour l'Ile-de-France dans son ensemble (+ 6,7 %). »
L'offre abonde
Si les prix n'ont pas baissé, l'offre en revanche abonde. Non pas que les propriétaires se soient précipités pour mettre leurs biens en vente, « mais tout simplement, parce que l'offre accumulée pendant deux mois est aujourd'hui présente dans les annonces », souligne Thomas Lefebvre. Un désengorgement auquel succède désormais une période d'attentisme.
Reste à savoir combien de temps la pierre pourra échapper au marasme économique qui frappe la quasi-totalité des secteurs. Le directeur scientifique de Meilleurs Agents rappelle les projections pessimistes de la Banque de France. « Le taux de chômage pourrait rapidement augmenter dans les trimestres à venir pour atteindre la barre des 11,5 % à la mi-2021, soit environ 1 million de chômeurs en plus. Difficile d'imaginer que l'immobilier sortira totalement indemne de ce choc sur l'emploi. D'autant que si les taux restent très bas, les banques resserrent les conditions de crédit, les primo-accédants et les investisseurs étant les premiers touchés par ce durcissement », souligne Thomas Lefebvre.
Facteurs structurels de soutien
Dans sa dernière note d'analyse, Olivier Eluère, économiste au Crédit Agricole, évoque les facteurs négatifs (remontée du chômage, médiocre confiance des ménages, léger resserrement de l'offre de crédit ), mais aussi les éléments favorables. Selon lui, les facteurs structurels de soutien sont toujours présents. La démographie, les besoins pour la préparation de la retraite, et surtout « l'effet valeur refuge de la pierre, renforcé par la crise sanitaire et les turbulences des marchés sont toujours là ». Dès lors, il évoque pour 2021 des « prix en baisse assez mesurée, notamment dans les segments où les prix étaient surévalués (Paris, Bordeaux, Lyon, Nantes) ; mais pas de recul marqué, car la demande restera relativement élevée et l'offre demeure limitée ».
Selon le directeur scientifique de Meilleurs Agents, Thomas Lefebvre, « le marché pourrait évoluer dès cet été, mais le changement devrait être surtout perceptible en fin d'année, alors que les entreprises commenceront à rembourser les PGE et que l'économie ne sera plus sous perfusion. »
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Marie-Christine Sonkin