Immobilier ancien : une fin d'année en fanfare
Une année exceptionnelle pour l'immobilier ! Les volumes explosent. Et si les prix grimpent, ils restent compatibles avec le pouvoir d'achat des ménages. Reste l'exception parisienne. Mais, selon les notaires, la capitale ne fait pas l'objet d'une bulle spéculative.
Par Anne-Sophie Vion
Le volume annuel des transactions atteint 1.059.000 ventes. C'est 100.000 ventes de plus qu'il y a un an, soit une hausse de 10,4 % sur douze mois ! Franchie en juillet dernier, la barre du million de transactions est désormais largement dépassée à fin septembre. Et, depuis deux mois, les ventes sont toujours aussi dynamiques. Décidément, le soufflé de l'immobilier n'est toujours pas retombé. Les ventes comme les prix poursuivent leur ascension partout en France témoignent les notaires de France dans leur bilan annuel, présenté ce mardi à Paris.
Pas de bulle spéculative
Dans ce marché immobilier hyper vitaminé, toujours dopé au crédit très bon marché , les notaires réfutent l'idée d'une surchauffe des prix, récemment évoquée par des experts. « Pour qu'il y ait bulle immobilière, il faut qu'il y ait spéculation. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, estime Maître Rozenn Le Beller, notaire à Lanester. Le marché n'est pas artificiel mais naturel. Il répond à un réel besoin. » Selon elle, la majorité des ménages achètent pour se loger et pour répondre de plus en plus à des préoccupations liées au financement de leur retraite. On est loin de l'achat/revente pour réaliser une plus-value.
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A l'instar de 2018, les notaires anticipent cette année une hausse modérée des prix. Pour l'ensemble de l'Hexagone, d'après leurs avant-contrats, les appartements anciens verraient leur prix grimper de 5,5 %, en moyenne, sur un an, à fin décembre. Cette évolution serait quasiment la même en Ile-de-France (+ 5,4 %) et en province (+ 5,6 %). La hausse serait un peu moindre pour les maisons : + 3 %, en moyenne.
Le Sud délaissé au profit de l'Ouest
Bien sûr, ces évolutions assez sages masquent des tendances beaucoup plus contrastées selon les territoires. Avec Paris aux prix stratosphériques - à près de 10.300 euros le m² début janvier -, les métropoles en province ont globalement continué à mener la danse en 2019 mais en ordre dispersé. Certaines comme Lyon et Nantes se distinguent avec des augmentations des prix des appartements supérieurs à 10 % sur un an (à fin septembre), suivie de Saint-Etienne (+ 7,7 %) et Rennes (+ 7,6 %). D'autres sont quasi stables comme Le Havre (+ 0,5 %), Marseille (+ 0,7 %) ou en petite hausse comme Bordeaux (+ 1,5 %), Lille (+ 1,2 %) et Montpellier (+ 1,5 %).
Peu de baisses parmi ces grandes villes à l'exception de Reims, qui perd 2,7 % sur 9 mois. En zoomant sur l'évolution des prix depuis dix ans, les notaires constatent, par ailleurs, que les villes du sud-méditerranée reculent au profit des villes de l'Ouest comme Nantes et Rennes. Les changements climatiques sont indéniablement un facteur d'explication.
Dans les villes petites et moyennes où l'activité économique est faible et à la campagne, le marché est plus compliqué, reconnaissent les notaires. En Bretagne, témoigne Rozenn Le Beller, il faut distinguer deux marchés. Celui du littoral et jusqu'à une vingtaine de kilomètres du bord de mer, où les prix sont stables ou en petite hausse. Car les locaux comme de plus en plus de retraités non bretons y achètent des biens. A l'inverse, « dans le centre de la Bretagne, en milieu rural, de nombreux logements sont à vendre, en raison du vieillissement de la population. Sauf qu'il y a en face peu d'acheteurs et mécaniquement les prix corrigent. »
Les notaires envisagent donc 2020 avec sérénité, en ligne avec les prévisions de Moody's qui anticipe une progression moyenne des prix de 2,5 % pour l'année prochaine. Seule ombre au tableau, la raréfaction de l'offre qui pourrait ralentir la cadence des transactions… et accentuer la hausse des tarifs dans certaines zones tendues. Si le marché parisien augmentait ne serait-ce que deux fois plus vite que le reste du pays, on pourrait, fin 2020, frôler les 11.000 euros le mètre carré dans la capitale.
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Anne-Sophie Vion